Conseils d'Entretien Fourche VTT
L'entretien des fourches VTT est indispensable. L'entretien de la fourche garantie son fonctionnement, ses performances et sa sécurité. Les constructeurs en font ainsi une condition de garantie: sans entretien adapté la garantie des suspensions saute, ce qui n'est pas pratique quand les suspensions représentent souvent la moitié du prix du vélo. Le bon entretien d'une fourche VTT passe par des service réguliers (minimum une fois par an) et par plusieurs actions dont le propriétaire est responsable. Voici nos conseils d'entretien.
L'ensemble des conseils qui suivent valent aussi pour les amortisseurs (suspension arrière sur les vélos tout suspendus).
Conseil d'entretien numéro 1: Garder les plongeurs propres
La boue et la poussière ne doivent en aucun cas rester à demeure sur les plongeurs de la fourche.
Rappel: les plongeurs s'appellent ainsi car ils plongent dans la fourche et sont donc la seule partie de la fourche à la fois externe ET interne, avec un impératif particulier: ne pas ramener les saletés de l'extérieur dans la fourche. Et des plongeurs trop sales finiront par mettre à mal les joints racleurs (dont le rôles est de racler les saletés.. dans certaines limites). Une fois qu'ils en auront fini avec les joints racleurs ils s'attaqueront aux fourreaux qui en retour s'en attaqueront aux plongeurs, les deux étant alors atteints d'une usure prématurées, qui mènera progressivement à la fuite d'huile, stade auquel il faudra changer le T et/ou les fourreaux (soit plus de la moitié du prix de la fourche) voire la fourche en entier.
Pour éviter ce genre de mésaventure il faut donc nettoyer les plongeurs après chaque sortie avec un chiffon humide. A noter que les jet d'eau sous pression ne feront qu'enfoncer les saletés dans la fourches, ce qui n'est vraiment pas le but. Il faut donc proscrire tout nettoyage au jet d'eau sous pression.
Conseil d'entretien numéro 2: Utiliser un produit d'entretien des plongeurs
L'entretien des plongeurs est possible avec un spray qui laissera une fine couche lubrifiante et protectrice sur les plongeurs. Les deux seuls spray valables du marché sont le Fork Juice et le Muc-Off.
Appliqué avant chaque sortie, ce type de spray permet de re-lubrifier les plongeurs (qui ne sont pas censé être couverts d'huile mais pas totalement secs non plus), de ré-activer la lubrification des joints racleurs et de déposer une fine couche de protection.
Ces sprays ne dispensent pas d'un service complet annuel, mais ils aident beaucoup.
Conseil d'entretien numéro 3: Vérifier la pression du ressort air
Les fourches VTT sont majoritairement équipées de ressorts pneumatiques, qu'il faut gonfler en adaptant la pression au poids du pilote.
Comme pour les pneus d'un vélo il faut vérifier régulièrement, et idéalement avant chaque sortie, la pression du ressort air de la fourche. Vérifier la pression permet de s'assurer qu'elle est adaptée au pilote. En général il faut compter autant de PSI que le poids du pilote, donc pilote de 75 kg = pression 75 PSI - sachant qu'il n'y a pas de règle absolue en la matière et que pour un E-Bike il faudra par exemple souvent ajouter 10%.
Vérifier la pression permet aussi de détecter les fuites d'air. Si d'une sortie à une autre la pression ne reste pas constante la fourche a alors un problème qu'il faudra résoudre pour continuer à l'utiliser en sécurité.
Conseil d'entretien numéro 4: Vérifier le fonctionnement des réglages hydrauliques
Les fourches VTT sont toutes dotés de molettes de réglage hydraulique permettant d'adapter la compression et le rebond.
Pour faire simple, la compression c'est quand la fourche se compresse et les réglages de compression permettent de faire en sorte que la fourche ne s'affaisse pas trop vite ou inversement qu'elle réagisse plus vite aux chocs. Le rebond c'est quand la fourche se décompresse (quand elle rebondie donc) et les réglages permettent de faire en sorte que ce ne soit ni trop rapide ni trop lent. Ces réglages existent parce que personne ne veut une fourche trop dure ou qui projeterai le pilote en arrière.
Ici non plus il n'existe pas de règle absolue en matière de réglage: tout dépends des préférences du pilote. Et comme pour le ressort air, il faut s'assurer du fonctionnement de la partie hydraulique, sans quoi le contrôle du vélo et la sécurité du pilote ne sont pas assurés. Voici deux tests pour vérifier son fonctionnement:
- Tester les deux positions extrêmes de la compression: la différence doit être nette entre les deux, avec une position ouverte qui rends la fourche très facile à affaisser, et une position fermée qui bloque totalement ou freine beaucoup l'affaissement; à noter que les fourches Enduro / All-Mountain / E-Bike / Descente ne sont en général pas censées se bloquer totalement,
- Tester les deux positions extrêmes du rebond: ici aussi la différence doit être nette entre les deux, avec un rebond rapide en position totalement ouverte et une rebond plus lent en position totalement fermée.
Si l'un de ces tests échoue: la fourche a un problème et présente potentiellement un danger pour le pilote.
Attention: ne pas forcer les molettes, qui doivent tourner facilement; forcer une molette = risquer de casser la cartouche, ce qui peut coûter jusque 790 CHF pour un remplacement si on parle des versions les plus haut de gamme. Une molette bloquée est souvent signe de casse ou de contamination interne.
Conseil d'entretien numéro 5: Vérifier l'état des plongeurs
Toute rayure des plongeurs est rapidement fatale pour le reste de la fourche. Les rayures sur les plongeurs ont le même effet que les saletés: usure prématurée des joints racleurs, ensuite usure prématurée des fourreaux, fuite d'huile et contamination de la fourche parce qu'elle laisse rentrer toutes les saletés. Continuer à rouler avec une rayure signifie qu'il faudra bientôt changer de fourche.
Dans 90% des cas il n'est pas possible de "poncer" ou "corriger" une rayure et il faudra changer le T rapidement. Le remplacement d'un plongeur impose en effet en général de changer le T en entier (T = les deux plongeur + la couronne + le pivot) pour un coût situé entre 199 et 549 CHF selon les modèles. Les fourches type DH avec double T sont l'exception car elles permettent de changer juste un plongeur sans changer le reste, pour un coût situé généralement entre 149 et 349 CHF selon les modèles.
Conseil d'entretien numéro 6: Organiser le suivi de l'usage des fourches
Tous les constructeurs de suspensions le disent: il faut faire au minimum un entretien complet des suspensions toutes les 100H d'utilisation, ou au moins chaque année si on arrive pas à suivre le nombre d'heures d'utilisation.
Excessif? Vraiment pas. Il ne faut pas oublier que les VTT sont utilisés dans la nature et dans des conditions imprévisibles. Pour comparer: le changement d'huile sur un moteur de voiture c'est tous les ans, et le service suspension pour une moto cross c'est parfois toutes les 25H d'utilisation.
Pour faciliter le suivi de l'usage des suspensions, PMB Suspension met à disposition de tous un tableau de suivi, à imprimer et accrocher à proximité du lieu de stockage du vélo.
Important: pour tout usage dans des conditions extrêmes (freeride, DH, compétition) ou difficiles (boue, mauvais temps), les constructeurs recommandent tous un entretien AVANT les 100H d'utilisation. En pratique pour les amortisseurs DH il faut ainsi cibler un entretien toutes les 50H.
Conseil d'entretien numéro 7: Ne pas oublier d'envoyer au service complet chez un professionnel au moins une fois par an
Il faut distinguer le service partiel du service complet:
- service complet: démontage et remontage de l'ensemble de la suspension avec remplacement des pièces d'usure, huiles et graisses
- service partiel: remplacement des joints racleurs avec re-lubrification des fourreaux
Les services partiels ne sont recommandés qu'entre deux services complets, afin d'améliorer les performances de la fourche à mi-saison et ne comptent en aucun cas pour un vrai service complet de la fourche. Il n'existe pas de cas où le service partiel "dispense" du service complet annuel.
Il est également important de faire appel à un professionnel qualifié: s'il est possible aujourd'hui d'improviser un service partiel dans un garage, le service complet demande une formation avec le constructeur d'origine et un lien permanent avec ce constructeur pour avoir toutes les fournitures et informations nécessaires et indispensables. A noter que les service faits par des techniciens non qualifiés font systématiquement sauter la garantie de la suspension le cas échéant car le constructeur verra les traces d'un service fait par quelqu'un de non qualifié.